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Des éléments contredisent la thèse de l’accident
mise en ligne le jeudi 6 juin 2002

Stéphane Krauth a-t-il croisé le chemin de Karine avant de reprendre le volant et de percuter son vélo ? De nouveaux témoignages et une expertise semblent accréditer cette thèse, qui contredit la version de ’l’accident’ à laquelle s’accroche le meurtrier présumé de la jeune lycéenne.


Mis en examen pour "meurtre accompagné, précédé ou suivi de viol", dans l’affaire de la jeune Karine, Stéphane Krauth a été entendu hier matin à Sarreguemines dans le cabinet du juge d’instruction Vincent Raffray. Le magistrat a communiqué les conclusions d’une vingtaine d’expertises au meurtrier présumé de la jeune lycéenne, renversée alors qu’elle circulait à vélo sur la zone industrielle de Bitche, le 22 juillet 2001, et dont le cadavre, en partie calciné, avait été découvert quelques jours plus tard, en forêt de Mouterhouse.

Réalisée par le département "véhicules" de l’Institut de recherches criminelles de la Gendarmerie Nationale (IRCGN), l’analyse de la collision a permis de déterminer, à partir des traces de freinage retrouvées sur les lieux, que la Mazda 323 de Stéphane Krauth circulait à une vitesse estimée "entre 30 et 40 km/h", au moment de heurter la bicyclette de la victime.

Cette expertise contredit les déclarations constantes de Stéphane Krauth, lequel a toujours soutenu avoir percuté Karine "par accident", alors qu’il circulait à "vive allure" sur la petite route sinueuse qui dessert la zone artisanale. Hier encore, il a maintenu cette version, jurant qu’il "roulait en cinquième" lorsque le choc s’est produit. Mais l’expertise des gendarmes est formelle, qui semble accréditer dans l’esprit du juge le scénario de la collision provoquée.

"Ce ne sont que des spéculations et celles-ci me laissent perplexe", a commenté Me Martial Gagneux au sortir du bureau du juge. Consciente de l’enjeu de cet examen de police scientifique, Me Dominique Boh-Petit, l’autre conseil de Stéphane Krauth, a annoncé qu’elle allait demander une contre-expertise. "Si mon client roulait à faible allure, comment expliquer que des traces de gommes aient été retrouvées à partir du point d’impact et sur une distance de près de 10m ?", s’interrogeait-elle hier.

Un nouveau témoignage

Reste que de nouveaux témoignages, versés au dossier, semblent accréditer la thèse d’un acte délibéré. Un couple s’est ainsi manifesté il y a peu, affirmant avoir vu Karine Schaff en milieu d’après-midi, le jour des faits, seule et comme "désemparée". "Quelque chose n’allait pas", dira l’un de ces témoins. Un autre, plus ancien mais dont les dépositions semblent du coup retrouver une nouvelle actualité, avait déclaré dans les premiers jours de l’enquête avoir vu, le jour et sur les lieux des faits, une Mazda blanche à l’arrêt, les portières de l’avant ouvertes et à l’arrière de laquelle se trouvait une jeune fille qui "paraissait triste". "Elle avait les yeux ouverts mais ne m’a fait aucun signe lorsque je suis passé", a précisé ce témoin, sûr de son fait lorsqu’il déclare avoir vu deux individus "s’engueuler" à proximité du véhicule, l’un installé au volant, l’autre à l’extérieur.

L’expertise du même véhicule est venue donner du crédit à ce témoignage, longtemps enfoui dans les 1 000 cotes du dossier : un cheveu de Karine a en effet été retrouvé sur la banquette arrière de la Mazda, alors que Krauth avait toujours soutenu l’avoir installée à la place du passager avant, après l’accident.

Interrogé hier sur tous ces éléments, Stéphane Krauth aurait été incapable de les expliquer, s’arc-boutant mollement à sa version initiale. Dans quelques jours, le juge se rendra sur les lieux avec tous les témoins, avant d’organiser avec lui une reconstitution. Le magistrat semble avoir voulu saucissonner ce dossier tentaculaire, s’efforçant pour l’heure de démonter la thèse de l’accident, avant d’aborder la mort de la victime proprement dite et les éventuels sévices sexuels dont elle aurait été l’objet. La contre-autopsie, qui n’a pas davantage "parlé" que la première, ne lui sera pas d’un grand secours. Calcinés en divers endroits, les restes de la malheureuse lycéenne étaient trop abîmés pour pouvoir être analysés avec pertinence.

 

Nicolas BASTUCK et Thierry FEDRIGO
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