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Enquête : les zones d’ombre
mise en ligne le dimanche 5 août 2001

Quinze jours après le drame et au terme d’une semaine riche en rebondissements, l’enquête sur la mort de Karine plonge à nouveau les enquêteurs dans l’expectative, au moment où tout semblait annoncer un dénouement rapide.


Malgré l’arrestation de Stéphane Krauth, la reconnaissance de son implication dans la mort de la jeune fille et la découverte du cadavre à demi-calciné, jeudi après-midi en forêt de Mouterhouse, sur la base des indications spontanées du seul suspect aujourd’hui détenu par la Justice, la semaine qui s’achève laisse plus de questions en suspens qu’elle n’apporte de réponses.

La mise hors de cause de Sébastien S., "chargé" par son "ami" Krauth dans la troisième et dernière version que celui-ci devait donner mercredi aux gendarmes de Mulhouse, jette le trouble sur la participation éventuelle d’un deuxième homme, dans l’expédition meurtrière qui devait coûter la vie à la lycéenne bitchoise, dans l’après-midi du dimanche 22 juillet.

"Le témoin n’a jamais été formel quant à la présence d’une deuxième personne dans la voiture", rappelait prudemment le procureur adjoint Roger Marot, vendredi soir, après avoir indiqué la veille qu’un second suspect était "activement recherché". Mais dans un entretien au Républicain Lorrain (notre précédente édition), Péroline, la jeune compagne de Krauth, semblait formelle : "J’ai eu Stéphane plusieurs fois au téléphone, le dimanche après-midi. Et à chaque fois, il me semble que quelqu’un était avec lui".

Malheureusement, les résultats de l’autopsie communiqués vendredi ne semblent guère en mesure d’éclairer en l’état la lanterne des gendarmes (lire par ailleurs), alors que les analyses complémentaires diligentées par le juge ne devraient pas fournir de résultats avant plusieurs semaines.

Deux nouveaux témoins

Dès lors, et en l’absence de nouveaux éléments à charge, le magistrat instructeur n’a pas d’autre choix que de s’en tenir pour l’heure à la thèse de l’accident, soutenue dans un premier temps par Stéphane Krauth. Me Achille Cytrynblum, avocat de Krauth, l’a bien compris, qui annonçait hier vouloir demander "dans les prochains jours" la requalification pénale des faits imputés à son client, si celui-ci devait s’en tenir à la thèse initiale. Krauth avait été mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivie de mort" et écroué jeudi à la maison d’arrêt de Sarreguemines. La requalification du crime en délit - "homicide involontaire et recel de cadavre" - lui permettrait d’entrevoir l’avenir sous de meilleurs auspices.

Mais nous n’en sommes pas là, loin s’en faut. D’abord parce que les enquêteurs poursuivent activement leurs investigations, à la recherche de nouveaux indices. Selon nos informations, les gendarmes travailleraient en particulier sur le témoignage d’un couple de retraités qui, le jour des faits, à proximité du lieu du drame, aurait été intrigué par les manoeuvres d’une Mazda blanche, roulant au rythme de l’escargot rue Robert-Schuman, à un jet de pierre de la zone artisanale.

Deuxième audition attendue

Krauth devra s’expliquer ensuite sur ses atermoiements successifs, tout au long de sa garde à vue, et dire pourquoi il chargea avec autant de zèle son compagnon d’infortune Sébastien S., après avoir voulu endosser seul la responsabilité de ce qu’il nomme lui-même "l’accident". Le jeune intérimaire devra dire enfin ce qu’il faisait avec un bidon d’essence dans le coffre de sa voiture et une bombe lacrymogène dans la boîte à gants, des traces de gaz paralysant ayant été détectées en "faible quantité" sur la selle du vélo de Karine, dont le corps avait été brûlé après avoir été aspergé de carburant.

Sa deuxième audition dans le cabinet du juge, prévue jeudi prochain, est attendue avec beaucoup d’intérêt. Lors de sa première comparution, jeudi dernier, Krauth avait observé un mutisme absolu, invoquant le "droit au silence".

Ainsi, Bitche semble voué à vivre plusieurs jours encore au rythme des investigations judiciaires, au moment où elle aspirerait au recueillement et à la sérénité, à la veille de porter en terre l’une de ses enfants.

 

Nicolas BASTUCK
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